giovedì 7 luglio 2011

Le printemps arabe

Le printemps arabe » doit beaucoup au net. Les pays arabes qui ont vécu révolutions et soulèvements depuis début 2011 doivent également cette appellation, au « Printemps des peuples ou le printemps des Révolutions » qui date de 1848 et année durant laquelle l’Europe a vécu une éclosion de révolutions. Souvent réprimées, ces révolutions ont tout de même eu des impacts importants.


Révolutions spontanées, improvisées, organisées ou programmées ? Cela faisait des mois que les sites électroniques injectaient des informations sur la famille présidentielle de la Tunisie et ses pratiques. Des journaux censurés en Tunisie et que nous consultions en catimini grâce aux proxys, étaient garnis d’informations, plus sensationnelles les unes que les autres. Même le Palais n’arrivait pas à conserver ses secrets d’alcôve. Le site Wikilieaks, pour sa part, distillait savamment des renseignements sensés être « ultraconfidentielles » et top secret, nous donnant un aperçu sur la position réprobatrice des States envers le régime Ben Ali.

Anonymous, un groupe de jeunes hackers, des individus non-identifiés, a été également de la partie. Et à partir du 2 janvier 2011, ils ont lancé un combat sans merci contre « Ammar 404 », censeur vedette en Tunisie. Les attaques ont touché des sites gouvernementaux et officiels y compris ceux de ministères qui ont été inaccessibles pendant quelques jours. Etrange, où était Anonymous lors des événements de Redaief ? Où est Wikileaks aujourd’hui ?

Toutes ces séquences vidéo qu’on a vu depuis décembre 2010 et qui ont inondé la toile, on commencé à n’ont pas continué avec un flux aussi fort…

Y aurait-il eu des mains pour tirer les ficelles, entretenir la flamme, mener la révolution à terme en y insufflant rumeurs, intox, snipers pour qu’elle atteigne le point du non retour ? Ali Sériati et la garde présidentielle auraient-ils joué un rôle dans le départ forcé de Ben Ali ? Ridha Grira, ancien ministre de la Défense, a-t-il réellement évité au pays un bain de sang ou l’armée nationale a-t-elle voulu préserver le pays en jouant le rôle discret et efficace du protecteur ?

Les réponses sont multiples et les explications encore plus nombreuses. Ce qui est toutefois indiscutable est que tous les mouvements de révoltes dans les pays arabes sont l’expression d’un raz le bol général dû à la répression de régimes, totalitaires, dictatoriaux et de leur corruption systémique.

Que s’est-il réellement passé à Tunis en ce vendredi 14 janvier?

Cela fait 6 mois que l’on se pose des questions sur les événements qui ont mené en cette journée du 14 au chamboulement du destin de la Tunisie. Des réponses ont été apportées par les réseaux sociaux, des personnes témoins ont voulu donner leur version des faits mais nous n’arrivons pas à ce jour à définir clairement et dans le détail les faits et gestes qui ont mené à cette révolution depuis la mort de Bouazizi.

Un retour en arrière dans la sérénité nous permettrait peut être de voir les choses autrement. Nous commencerons par la fin.

Que s’est-il passé à l'Avenue Habib Bourguiba ?

Un officier en poste, ce jour là au ministère témoigne : « Cela faisait des jours que la place Mohamed Ali située en face de l’UGTT était gardée au niveau de ses deux sorties. Les manifestants venaient, se rassemblaient, scandaient des slogans et repartaient car ils ne pouvaient accéder à la grande Avenue.

La main de Dieu était sur Tunis

En ce vendredi 14 janvier, on devait procéder dès 6h30 du matin au rassemblement des différentes unités de police qui comprenaient près de 500 agents. Comme de routine, il fallait s’organiser pour assurer le maintien de l’ordre au niveau des grandes artères et des points chauds de la capitale. En ce jour béni, du 14, aucun agent de police ne s’est pointé à l’heure du rassemblement. Le centre ville était abandonné à lui-même.

Toutes les tentatives de joindre nos supérieurs ont échoué, parmi eux, il y en a qui étaient « indisposés » pour « raisons médicales», d’autres n’étaient pas joignables au téléphone. En désespoir de cause, nous nous sommes rabattus sur les équipes de retour de Sidi Bouzid où ils avaient été envoyés en renforts. Ils étaient épuisés, mais nous n’avions pas le choix. Il fallait protéger le ministère de l’Intérieur, un ministère de souveraineté qui ne devait pas tomber au risque de mener à la ruine du pays et faire barrage aux bandes armée et aux actes de vandalisme commis par des bandes organisées qui se dissimulaient derrière des manifestants ».

Il était à peine 11h30 que les policiers s’étaient mis en rangées devant le ministère de l’Intérieur. Ils étaient à peine une centaine. Une consœur journaliste a, a ce propos, affirmé que les policiers protégés par leurs visières qui s’étaient mis devant le ministère de l’Intérieur paraissaient fatigués. D’autres sources, prétendent que les agents de police qui ne s’étaient pas rendus à leurs postes en cette journée auraient reçu des instructions leur conseillant de surveiller leurs familles et leur voisinage. De qui avaient-ils reçu les instructions ? Aucune réponse.

Les manifestants débarquant de l’avenue Mohamed Ali, rejoints par d’autres de Bab Bnet et de toutes les cités de la capitale arrivaient par milliers. A 14h, ils étaient 25 000, à 16h, ils étaient 40 000.


Reconstitution de la fuite de Ben Ali: Ali Seriati, bouc émissaire ou l'artisan d’un complot qui a échoué?

“Le 14 janvier, une révolution spontanée ou fomentée?“ Le premier article de cette série en trois parties, publié le 29 juin 2011 , représente une tentative de comprendre ce qui s’est réellement passé au cours de cette journée mémorable pour la Tunisie.

Dans cette deuxième partie, sur la fuite de Ben Ali et l’implication ou non de Ali Sériati dans un complot contre la sûreté de l’Etat, nous relatons les faits tels que certains témoins affirment les avoirs vécus.

Alors qu’une division de la Brigade antiterroriste (BAT) du ministère de l’Intérieur s’était rendue à l’aéroport au Salon d’honneur, là où les membres de la famille Trabelsi et leurs conjoints s’étaient réunis dans l’urgence pour partir, l’ancien président, lui, au Palais de Carthage et dans l’anxiété la plus totale, attendait des nouvelles de Tunis.

La BAT aurait fait croire aux Trabelsi qu’elle était là pour les protéger et voulait en rassembler le plus grand nombre de la famille. Le chef de la BAT aurait pris la décision de son propre chef d’entreprendre cette vaste opération d’arrestations.

La veille, la famille de la femme de l’ancien président au grand complet avait passé la nuit au Palais Sidi Dhrif, des plus proches aux plus éloignés. Ali Sériati, alors directeur général de la sûreté de l’ancien président, était rentré chez lui à minuit et a repris le service à 6h du matin.

L’Avenue Habib Bourguiba était en train de se remplir des manifestants dont la colère avait été ravivée par le discours prononcé dans la soirée du 13 janvier par l’ancien président. La généralisation de la contestation au Centre-ville, conjuguée à l’absence de forces de l’ordre et aux attaques des résidences des familles, n’étaient pas rassurantes du tout. A 12h, le général Sériati a dû donner un rapport à Zine El Abidine Ben Ali, l’informant de l’évolution de la situation dans la capitale.

Dans la matinée du 14, il y avait 8 cortèges funèbres de martyrs au Centre-ville et au Kram, ce qui risquait de compliquer encore plus les choses. Ali Sériati en aurait discuté avec l’ancien président qui lui aurait répondu qu’il en parlerait au gouverneur et qu’ils dédommageront les familles en leur donnant 5.000 DT chacune! Comme si cela pouvait les consoler de la douleur de perdre leur progéniture... Ben Ali aurait également averti Sériati de la présence d’un traître au sein de la garde présidentielle. Ce sont les services secrets anglais qui l’en auraient averti, lui explique-t-il.

Une autre information serait parvenue au président de la République de la part des services secrets français, l’informant de la possibilité de l’existence d’un complot contre lui… Elle aurait été ensuite démentie par ces derniers.

Réagissant aux informations qui lui étaient parvenues de Ben Ali, Ali Sériati appelle tout de suite l’officier en charge de l’escorte présidentielle et lui ordonne d’être très vigilent. Il le prévient et lui transmet les renseignements concernant la possibilité d’avoir un «traître» dans ses rangs. Un témoin affirme: «Pour le général Sériati, le plus important en ces moments précis était de sauvegarder la vie du président, c’est sa mission et il voulait l’accomplir jusqu’au bout. Ce qui se passait dans le pays ne faisait pas partie de ses prérogatives».

La police se retire des ministères de souveraineté

Un autre fait significatif en cette même matinée, confirmé par Kamel Morjane, alors ministre des Affaires étrangères, était le retrait de toutes les forces de police en poste devant les ministères de souveraineté les laissant sans protection: «Vers 13h30, précise-t-il, j’ai appelé l’ancien président pour l’informer de l’absence d’agents de police devant le ministère des Affaires étrangères, il m’a répondu: “ça, c’est grave“».

C’est à 14h précises que Ben Ali invoque le 3ème degré d’alerte, ce qui implique la prise en charge par l’armée de tout l’appareil sécuritaire de l’Etat. C’est en ce moment également que le général Ammar aurait pris possession de la salle d’opération au ministère de l’Intérieur pour prévenir tout débordement et gérer les opérations de sécurité pour protéger le pays. L’armée était devenue en ce moment même la première responsable en charge de la sûreté nationale.

L’ancien président aurait également demandé à son directeur de protocole de coordonner avec les autorités saoudiennes pour accueillir sa famille qu’il voulait mettre en lieu sûr. C’est le général Sériati qui devait les accompagner. Le président ne devait pas partir. Les villas de Seif et Mourad Trabelsi avaient été incendiées dans la matinée du 14 janvier, la première était sise au Kram, l’autre à Gammarth. La veille, ce sont les résidences de Belhassan Trabelsi, d’Imed Trabelsi et de Soufiane Ben Ali, qui avaient été embrasées. Opération orchestrée, organisée et concertée ou spontanée? On ne peut jurer de rien.

Vendredi 14 janvier, entre 14h et 15h, le général Sériati est informé que l’une des filles du président est empêchée de prendre l’avion. Il essaye de contacter le commissaire de l’aéroport sans succès. En désespoir de cause, il appelle S.T, commandant de la BAT pour lui demander des explications, ce dernier le rassure et l’informe qu’il s’en occupe. Toujours pas rassuré, le général Sériati aurait appelé le directeur des Frontières qui rappelle lui-même le commissaire. Ce dernier ne pouvait répondre, car lui-même aurait été immobilisé. Les Trabelsi étaient au grand complet à l’aéroport, on attendait juste l’arrivée d’Imed.

Au su de ce qui s’était passé à l’aéroport, Ben Ali envoie les commandos de la garde nationale (Unité de sécurité de la Garde nationale) voir ce qui s’y passe et sévir, mais au lieu de se battre contre la BAT et libérer la famille, elle se ligue avec elle. Les Trabelsi qui pensaient être sous bonne garde en attendant d’être libérés sont alors arrêtés en bonne et due forme.

Sur les côtes, les radars de la présidence auraient détecté la présence de deux frégates sur côtes. L’hélicoptère cité par Ridha Grira n’existait pas et il paraît qu’Ali Sériati n’en aurait rien dit au président; à ses proches, il expliquera: «Je n’ai pas vu d’hélicoptère et le président était assez effrayé comme ça, je ne voulais pas l’effrayer encore plus en lui débitant des informations non prouvées». A 16h30, Ben Ali appelle le général Sériati pour lui demander d’amener sa cadette de Sidi Dhrif. C’est tout de suite après son arrivée que le cortège quitte le Palais de Carthage pour se diriger vers l’aéroport présidentiel. On se doutait déjà qu’il y avait une sédition des officiers du ministère de l’Intérieur à l’aéroport Tunis-Carthage. En cours de route, un des officiers du général Sériati, au nom de I.Z, appelle le commandant de la BAT pour avoir les détails, la réaction a été rapide «Rejoignez-nous, les Trabelsi sont finis et nous devons soutenir le peuple». A l’aéroport, Sériati, qui devait partir à Jeddah, demande à son officier de relater sa discussion avec le commandant de la BAT à Ben Ali. Là, coup de théâtre, Ben Ali décide d’accompagner lui-même sa famille. Sériati reprend sa mallette, et sur instructions de l’ancien président, demeure à l’aéroport pour y attendre l’une de ses filles qui devait partir avec sa famille à Djerba à bord d’un avion militaire.

Ben Ali a-t-il eu peur que la scission des Brigades anti terroristes du ministère de l’Intérieur et des commandos de la garde nationale mène à sa perte ou a-t-il lui-même douté de Ali Sériati surtout après avoir entendu parler d’un traître dans sa garde présidentielle? Lui seul pourrait répondre à ces questions même si, d’après ses dernières déclarations, il accuse le directeur général chargé de sa sécurité de l’avoir induit en erreur.

Le commandant de bord qui avait piloté l’avion présidentiel qui devait ramener Ben Ali à Tunis aurait, après avoir regardé les informations, demandé des instructions de Tunis. Nabil Chettaoui, ancien PDG de Tunisair, avait alors appelé Mohamed Ghannouchi qui lui a passé Ridha Grira. Tous étaient en poste au ministère de l’Intérieur, ce dernier lui répond que rien n’a été encore décidé et c’est Nabil Chettaoui qui décide du rapatriement de l’avion.

A Tunis, resté sans nouvelles de leur Sériati, arrêté par l’armée à l’aéroport Tunis-Carthage, 45 mn après le décollage de l’avion présidentiel, le n°3 de la garde présidentielle a dû prendre la décision de convoquer Foued Mbazza, président de la Chambre des députés, Abdallah Kallel, président du Sénat, et Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, appliquant en cela les directives en cas de vacation du poste présidentiel. Foued Mbazza a refusé dans un premier temps d’occuper le poste, et il n’était pas question que Abdallah Kallel devienne président de la Tunisie, Mohamed Ghannouchi avait dû alors accepter de prendre la responsabilité de la présidence du pays selon l’article 56.

Ni Mbazzaa, ni Kallel, ni Ghannouchi n’ont rejoint le palais par la force des armes, ils ont été tout simplement appelés à assumer leurs responsabilités et à appliquer les mesures d’urgence en pareille situation. Quant au général Sériati, et à ce jour, en tout cas d’après son avocat, on ne possède aucun élément tangible qui prouverait son implication dans un complot contre l’Etat. Un de ses proches qui n’arrête pas de clamer son innocence affirme: «C’est parce qu’il a été jusqu’au bout un homme de devoir que l’on a voulu faire de lui un bouc émissaire».

Pour servir les intérêts de qui?

Ce qui est sûr, c’est qu’il y a eu beaucoup d’intox car, alors qu’il a été arrêté à l’aéroport Tunis-Carthage le 14 janvier, on a annoncé son arrestation beaucoup plus tard et qui plus est loin de la capitale. L’annonce a même été faite à la télé…Pourquoi?

Et puis, si Ali Sériati avait voulu faire un coup d'Etat, pourquoi n'avait-il pas tout simplement arrêté lui même Zine El Abidine Ben Ali, ainsi que son épouse? Tout le peuple l'aurait soutenu et il aurait été le héros de la révolution.

Il faudrait qu'un jour nous puissions trouver des réponses à ces questions.
« La main de Dieu était sur la Tunisie car s’il n y avait pas eu le cordon de policiers, les unités spéciales en place à l’intérieur du ministère auraient tiré sur la foule. A 16 h, les forces de sécurité ont commencé à jeter des bombes de gaz lacrymogène pour disperser la foule et à contre-attaquer.

A propos de la scène vue à Al Djazira et dans laquelle, on voyait des policiers s’acharner sur des manifestants, l’officier explique : « C’était des actes individuels d’agents de police enragés parce qu’entre autres, on leur a jeté dessus, des bouteilles remplis d’urine… »

Dans l’intervalle et tout au long de la matinée du 14, l’ancien Président était en poste à Carthage. La famille Trabelsi s’était déjà rendue à l’aéroport Tunis-Carthage, paniquée puisque depuis le 13 janvier, on a procédé systématiquement à la mise en feu de leurs maisons. La BAT (Brigade antiterroriste) du ministère de l’Intérieur, s’est déplacée à l’aéroport pour, dans un premier temps, assurer la protection de la famille ou pour l’arrêter ? (Ben Ali était encore Président, ne l’oublions pas). Rejoints par l’USGN (Unités de sécurité de la Garde nationale, commandos de la Garde), armées jusqu’aux dents de la Garde nationale, elles ont procédé à l’arrestation de tous ceux qui se trouvaient à l’aéroport.

Avant que l’armée nationale ne procède à la mise aux arrêts du Général Ali Sériati vers 17h.

Les radars auraient détecté tout au long de la cote deux frégates de l’armée en cette même journée.

Un jour avant, le 13 janvier, l’Aéroport Tunis Carthage a été vidé des forces de sécurité alors que le pays était à feu et à sang. L’aéroport était sans aucune défense devant des attaques hypothétiques, aux alentours, il n y avait ni policiers ni soldats.

Bien avant, certains postes de police ont été attaqués, pillés et des armes ont été prises…


Tunisie - Révolution: Les snipers, Intox ou vérité?



«Depuis 16 heures, ce dimanche 16 janvier, le centre de Tunis dans le périmètre de l’avenue Habib Bourguiba est le théâtre d’un affrontement. Des snipers lourdement armés sont postés sur le toit du ministère de l’Intérieur et des tirs résonnent sans arrêt alors que les hélicoptères survolent le bâtiment qui jouxte l’hôtel Africa». C’est écrit sur le site www.marianne2.fr, qui suppose par ailleurs que ces hommes faisaient partie de la garde prétorienne de Ben Ali avec un chef arrêté, rappelons-le, vendredi 14 janvier à l’aéroport Tunis-Carthage, ce qu’a manqué de mentionner le site précisant en passant que «rien n’est certain».

"C'était très chaud à cause des milices. Tous les jours, on voyait des gens se faire tuer ou être gravement blessés, raconte sur le site www.laprovence.com Philippe Xerri, un designer qui réside au Kram... N'importe qui avait droit de vie ou de mort sur son voisin. Il suffisait de le désigner comme étant un proche de Ben Ali et le malheureux se faisait lyncher… Dôle comme on exagère les faits et les chiffres33. Le 14 janvier, il y avait 8 morts entre le Kram et Tunis, or à lire cette information, on croirait à un génocide… Même si un pays aussi paisible que la Tunisie n’est pas habitué au débordement d’une telle violence…

Une dépêche de l’AFP publiée sur le figaro le 16 janvier indiquait que «deux francs tireurs ont été abattus en cette même journée par l'armée dans le centre de Tunis, au début des affrontements armés qui ont éclaté entre miliciens armés et forces régulières, a annoncé à la télévision publique tunisienne un sous-lieutenant de l'armée tunisienne. "Il y a eu deux snipers qui ont tiré depuis un bâtiment situé à proximité du ministère de l'Intérieur. On les a abattus", a déclaré cet officier». Sur le site Rénovation (un site de renseignement citoyen), on peut également lire: «Des dizaines d'agents infiltrés du Mossad israélien auraient étés arrêtés en Tunisie. Ils se seraient infiltrés à l'aide de faux passeports suédois. Ils avaient sur eux un arsenal (balles, etc.»). Il s’est avéré ensuite que c’étaient des touristes qui venaient faire de la chasse au sanglier en Tunisie.

Info ou intox? Nous ne pouvons nous empêcher de douter de la véracité de tout ce qui a été rapporté par les médias aux premières semaines de la révolution. La confusion était à son comble, elle était telle que l’on ne pouvait plus faire la différence entre les unités d’élite de l’Armée, de la Garde nationale ou encore les para-commandos de la Police nationale. Les médias faisaient la course au sensationnel, et quoi de plus percutant que le fait de parler ou encore de généraliser la présence de snipers. Ceci, à un moment où un régime, présumé être des plus solides, vient de tomber avec une facilité déconcertante, prenant au dépourvu tout le monde y compris l’appareil sécuritaire du pays, sensé parer à toute éventualité et s’attendre à tous les imprévus.

Qui sont les snipers?

Les snipers sont des tireurs d’élite très bien entraînés et formés par les meilleurs experts à l’échelle nationale et internationale. En Tunisie, nous avons 4 unités de tireurs d’élite. Une appartenant à l’Armée nationale, l’autre à la Garde républicaine autrefois appelée “Garde présidentielle“, une autre à la Police et la dernière à la Garde nationale. Les snipers travaillent en équipe et se déplacent par 2 pour que dans le cas où ils visent une cible, l’un identifie sa position et l’autre ajuste son arme et tire.

Aucun tireur d’élite ne peut prendre de son propre chef la décision d’user de son arme sauf sur ordre de son chef hiérarchique. Les armes ainsi que les balles sont enregistrées par numéro et peuvent, ainsi que ceux qui en usent, être rapidement identifiés. Si un tireur d’élite agit de manière unilatérale, les membres de son équipe peuvent rapidement se rendre compte de la disparition de leur partenaire et les informations sont très vite retransmises et propagées.

Tireurs d'élite et révolution, des meurtres programmes ou des réactions de panique?

Au début, les rumeurs à propos des tireurs d’élite, devenues rapidement des «informations sûres et convaincantes», prétendaient qu’ils faisaient partie du corps de la Garde «présidentielle», aujourd’hui républicaine. En réalité, il n’en était rien. A l’annonce du départ de Ben Ali, un haut gradé sécuritaire s’est dirigé, accompagné d’un contingent d’agents, au Palais présidentiel et a procédé au décompte des armes, des balles et des personnels. Tout le monde a été consigné au Palais de Carthage. 5 personnes seulement étaient sorties et ont été arrêtées illico presto par l’Armée nationale. Il s’est ensuite avéré qu’elles s’occupaient de la partie logistique. L’un travaillait dans la restauration, l’autre était jardinier, un autre pompiste. Parmi eux, uniquement un seul était en possession d’un pistolet, il avait un permis de port d’arme et son arme a été tout de suite saisie.

Qui a tiré sur la foule alors? A Sidi Bouzid comme à Kasserine, il est plus que sûr qu’il n’y avait pas de snipers. Ceux qui avaient tiré étaient des agents faisant partie des Corps réglementaires. Avaient-ils reçu des ordres de tirer? Fort possible, mais d’après des témoins, il y en avaient qui ont riposté aux mouvements de foule craignant pour leur vie surtout après que les postes de police aient été incendiés et les armes volées. Il y en a qui sont montés sur les toitures et ont tiré pour disperser les foules pensant se protéger eux-mêmes.

Il est indéniable que des bavures ont été commises. Par qui? A quels corps appartenaient-ils? Certaines informations qui ont filtré affirment que nombre d’agents et d’officiers du ministère de l’Intérieur ont été mis à la disposition de la justice. Ils peuvent appartenir à n’importe quelle équipe ou brigade: «Imaginez, la fumée des bombes lacrymogènes, les manifestants qui se bousculent et les différentes équipes chargées de ramener l’ordre entendant ordre et contre ordre dans le désordre la plus total. Elles se sont même tiré les unes sur les autres croyant avoir affaire à des snipers», témoigne un officier.

Les rumeurs à propos de l’existence de snipers étaient persistantes à tel point que même trois semaines après le 14 janvier et alors que l’Armée nationale, en partenariat avec la police, assurait les rondes de sécurité, on les pensait encore à l’œuvre. «Je vous assure que nous n’avons pas mis sur le terrain des snipers pour tirer sciemment sur la foule, nombre de ceux qui ont tiré étaient des agents complètement paniqués. Il y en a qui, les moyens de dissuasion habituels épuisés comme les bombes lacrymogènes, ont réagi en tirant à balles réelles…», assure un officier au ministère de l’Intérieur.

Ailleurs, des témoins qui ont interrogé des personnes blessées, échappées de justesse à la mort, donnent un autre son de cloche. «Il est fort possible qu’à l’intérieur du pays, il n’y avait pas de tireurs d’élite, mais sur certaines villes de la côte, on se doute bien de l’existence de ces derniers. Les blessés dans une ville comme Bizerte, prétendent avoir senti de la chaleur avant d’avoir reçu la balle». Ce qui laisse supposer l’existence d’armes à infrarouges qui n’existent apparemment pas en Tunisie. Sont-ils réellement des snipers et pourquoi leur présence se serait-elle limitée aux villes côtières? Sont-ils entrés au pays par la mer pour y jeter de l’huile sur le feu et exacerber les passions dans le conflit qui opposait le peuple meurtri à Ben Ali? Sont-ils repartis comme ils sont venus ou sont-ils encore en Tunisie? Existent-ils seulement?

L’ancien ministre de l’Intérieur, Farhat Rajhi, nie l’existence de snipers, Béji Caïd Essebsi, Premier ministre, a également affirmé qu’ils n’ont jamais existé. Toujours est-il que trois cents tunisiens de tous âges ont été abattus lors des événements, allant de décembre 2010 à janvier 2011.

Qui est responsable de ces carnages? D’après des sources officielles, les enquêtes vont bon train et les responsables commencent à être identifiés, mais pour connaitre la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, il va falloir laisser les commissions d’enquête assurer leur travail dans la sérénité et dénouer le fil de faits. Faits, lesquels, à chaque fois que l’on pense les avoir dénoués, sont encore plus complexes qu’ils ne l’avaient paru.

Toutefois, il est sûr que le sniper le plus dangereux de la révolution tunisienne est la rumeur qui a été, elle, réellement mortelle.

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