Le Temps 3.06.2011
Les premiers qui se sont hasardés après la révolution à braver la loi en entreprenant des travaux de construction de logements ou de locaux à louer sont aujourd’hui, cinq mois après, au bout de leur dessein, à deux doigts de l’aboutissement final ; les autres qui ont suivi sous l’effet de la tentation sont en cours de route, procédant avec un acharnement et une voracité inégalables ; chaque jour qui s’annonce, il y a un cas nouveau qui s’ajoute au palmarès des lieux et des sites endommagés, aggravant davantage le triste bilan, o combien accablant.
Nous avons vu agir les malfrats, ces opportunistes incongrus et ces pêcheurs dans les eaux troubles : nous les avons vu bétonner nos campagnes sans crier gare, défigurer des composantes phares de notre patrimoine bâties sans consultation préalable de qui de droit, occuper et exploiter déraisonnablement le littoral, éventrer nos terres pour en extraire illégalement le sable, massacrer sans répit nos palmiers altiers ; nous voyons l’opportunisme ingrat s’épanouir, et l’anarchie prospérer ; nous voyons encore le mal sévir, gagner du terrain et se généraliser, en dépit de la mobilisation tous azimuts de l’Association pour la Sauvegarde de l’Île de Djerba et de l’Institut National du Patrimoine à travers son représentant légal, auprès de toutes les parties ayant droit de regard, qui continuent à dormir sur leurs lauriers, comme si de rien n’était. Tous les cas d’abus, de nuisance, d’outrage, de défiguration enregistrés ont été signalés, rapportés en détail et dénoncé aux maires territorialement concernés, au gouverneur, aux ministères y afférents, mais en vain ; aucune réaction salutaire, jusqu’à ce jour, n’a été remarquée ; aucune mesure punitive et dissuasive n’a été prise à l’encontre des fauteurs qui ne peuvent mieux espérer pour persévérer dans leur nuisance et inciter d’autres à la tentation.
Cinq long mois sont déjà passés depuis l’avènement de la Révolution du 14 janvier ; les bons citoyens patriotiques, honnêtes et consciencieux sont à bout de patience, indignés par le laxisme écoeurant des acteurs institutionnels et des autorités qui ne sont pas à la hauteur du nouveau contexte révolutionnaire en vigueur, indignes de la fonction qu’ils remplissent. A qui incombe la responsabilité d’un tel état des lieux, somme toute incompatible avec cette nouvelle ère de renouveau et de fraîcheur démocratique de bon augure ? A vrai dire, les maires ne sont que des boucs émissaires, et doivent être, dans ce cas, lavés de toute responsabilité directe. Sollicités pour intervention dans les nombreuses affaires d’outrage qui leur avaient été soumises, ils se sont acquittés, preuve à l’appui, de leur devoir en entamant dans les règles les procédures requises à l’encontre des fauteurs. Cependant, force est d’admettre que l’application des décisions découlant des procédures entamées font souvent défaut pour la raison que nous connaissons tous, à savoir la désaffection prolongée du personnel municipal chargé de l’exécution, en l’occurrence les agents de contrôle et la police municipale. Par ailleurs, les maires ne cachent pas leurs désillusions du fait de l’absence de soutien de la part du gouverneur et du dédoublement du discours tenu par le représentant de l’Etat dans la région, qui, au lieu de peser de tout son poids pour venir en aide aux maires de sa région en manque d’autorité, il brille par son mutisme, et il n’intervient que très ponctuellement, quitte parfois à la faveur d’un cas litigieux. En effet, des dizaines de constructions anarchiques en cours de réalisation, voire sous le coup d’un arrêté de démolition, ont été alimentées en eau potable et raccordées au réseau électrique, ce qui est contraire au règlement en vigueur tel que stipulé dans la circulaire N°13 du 11 février 2004 émanant du ministre de l’Intérieur et du Développement Local et exigeant le permis de bâtir pour toute demande de raccordement aux réseaux. Le tout Djerba a pris vent de cette bavure criarde, en parle incessamment et …s’indigne, déversant sa colère sur la mairie, seule autorité habilitée à délivrer ce genre d’attestation. Or, interrogé sur la question, un des maires de l’île s’est dit aussi indigné et il a même avoué, en guise de « légitime défense », que tout avait été décidé à son insu, et que, en cherchant à en savoir davantage auprès du gouvernorat, il a eu droit à une réponse frisant le ridicule, que des soi-disant commissions régionales dont était exclue bizarrement sa commune, avaient été constituées pour supplanter les communes à cet effet-là.
En outre, il va sans dire que l’octroi du permis de bâtir est du ressort exclusif du maire et de la commission technique relevant de la municipalité et constituée entre autres de représentants d’autres services administratifs, et que nul ne peut prétendre détenir ce droit ; or, le personnel du gouvernorat de Médenine, et à sa tête M.le gouverneur, ne semblent pas être de cet avis ; sinon comment expliquer qu’un ordre, on ne peut plus explicite, émanant de M. le gouverneur et adressé à l’attention du secrétaire général de la municipalité, pas au maire, soit donné pour délivrer à un citoyen un permis de bâtir, qui lui avait été auparavant refusé légalement et objectivement par la commission technique, parce qu’une partie de son projet se trouve dans une zone classée zone verte. Il se trouve que la personne à la faveur de laquelle tout le gouvernorat donne l’impression de se mobiliser est connue par ses relations privilégiées et très rapprochées avec la famille du président déchu ; si tel est le cas, c’est que l’on n’est pas encore au bout de ses peines puisque les vieux démons continuent à ronger les rouages de notre administration, et que ces vieux réflexes de favoritisme exaspérant , dignes d’une époque que nous voulons à jamais révolue, continuent à prévaloir au sein même de la plus haute instance représentative de l’Etat dans la région.
En somme, le peuple tunisien n’a fait sa glorieuse Révolution que pour en finir à jamais avec les pratiques basses et malsaines qui infectaient outrageusement notre administration, et pour ne plus permettre à ces mêmes responsables institutionnels de sévir à leur guise et à ces mêmes personnes qui ont imposé leur diktat durant vingt trois ans, bénéficiant de toutes les faveurs à cause de leurs relations compromettantes et douteuses avec les membres de la famille régnante, de nuire dans ce contexte de renouveau, de transparence et de souveraineté suprême de la loi.
Naceur BOUABID
Qu’attend M. le gouverneur?
Les premiers qui se sont hasardés après la révolution à braver la loi en entreprenant des travaux de construction de logements ou de locaux à louer sont aujourd’hui, cinq mois après, au bout de leur dessein, à deux doigts de l’aboutissement final ; les autres qui ont suivi sous l’effet de la tentation sont en cours de route, procédant avec un acharnement et une voracité inégalables ; chaque jour qui s’annonce, il y a un cas nouveau qui s’ajoute au palmarès des lieux et des sites endommagés, aggravant davantage le triste bilan, o combien accablant.
Nous avons vu agir les malfrats, ces opportunistes incongrus et ces pêcheurs dans les eaux troubles : nous les avons vu bétonner nos campagnes sans crier gare, défigurer des composantes phares de notre patrimoine bâties sans consultation préalable de qui de droit, occuper et exploiter déraisonnablement le littoral, éventrer nos terres pour en extraire illégalement le sable, massacrer sans répit nos palmiers altiers ; nous voyons l’opportunisme ingrat s’épanouir, et l’anarchie prospérer ; nous voyons encore le mal sévir, gagner du terrain et se généraliser, en dépit de la mobilisation tous azimuts de l’Association pour la Sauvegarde de l’Île de Djerba et de l’Institut National du Patrimoine à travers son représentant légal, auprès de toutes les parties ayant droit de regard, qui continuent à dormir sur leurs lauriers, comme si de rien n’était. Tous les cas d’abus, de nuisance, d’outrage, de défiguration enregistrés ont été signalés, rapportés en détail et dénoncé aux maires territorialement concernés, au gouverneur, aux ministères y afférents, mais en vain ; aucune réaction salutaire, jusqu’à ce jour, n’a été remarquée ; aucune mesure punitive et dissuasive n’a été prise à l’encontre des fauteurs qui ne peuvent mieux espérer pour persévérer dans leur nuisance et inciter d’autres à la tentation.
Cinq long mois sont déjà passés depuis l’avènement de la Révolution du 14 janvier ; les bons citoyens patriotiques, honnêtes et consciencieux sont à bout de patience, indignés par le laxisme écoeurant des acteurs institutionnels et des autorités qui ne sont pas à la hauteur du nouveau contexte révolutionnaire en vigueur, indignes de la fonction qu’ils remplissent. A qui incombe la responsabilité d’un tel état des lieux, somme toute incompatible avec cette nouvelle ère de renouveau et de fraîcheur démocratique de bon augure ? A vrai dire, les maires ne sont que des boucs émissaires, et doivent être, dans ce cas, lavés de toute responsabilité directe. Sollicités pour intervention dans les nombreuses affaires d’outrage qui leur avaient été soumises, ils se sont acquittés, preuve à l’appui, de leur devoir en entamant dans les règles les procédures requises à l’encontre des fauteurs. Cependant, force est d’admettre que l’application des décisions découlant des procédures entamées font souvent défaut pour la raison que nous connaissons tous, à savoir la désaffection prolongée du personnel municipal chargé de l’exécution, en l’occurrence les agents de contrôle et la police municipale. Par ailleurs, les maires ne cachent pas leurs désillusions du fait de l’absence de soutien de la part du gouverneur et du dédoublement du discours tenu par le représentant de l’Etat dans la région, qui, au lieu de peser de tout son poids pour venir en aide aux maires de sa région en manque d’autorité, il brille par son mutisme, et il n’intervient que très ponctuellement, quitte parfois à la faveur d’un cas litigieux. En effet, des dizaines de constructions anarchiques en cours de réalisation, voire sous le coup d’un arrêté de démolition, ont été alimentées en eau potable et raccordées au réseau électrique, ce qui est contraire au règlement en vigueur tel que stipulé dans la circulaire N°13 du 11 février 2004 émanant du ministre de l’Intérieur et du Développement Local et exigeant le permis de bâtir pour toute demande de raccordement aux réseaux. Le tout Djerba a pris vent de cette bavure criarde, en parle incessamment et …s’indigne, déversant sa colère sur la mairie, seule autorité habilitée à délivrer ce genre d’attestation. Or, interrogé sur la question, un des maires de l’île s’est dit aussi indigné et il a même avoué, en guise de « légitime défense », que tout avait été décidé à son insu, et que, en cherchant à en savoir davantage auprès du gouvernorat, il a eu droit à une réponse frisant le ridicule, que des soi-disant commissions régionales dont était exclue bizarrement sa commune, avaient été constituées pour supplanter les communes à cet effet-là.
En outre, il va sans dire que l’octroi du permis de bâtir est du ressort exclusif du maire et de la commission technique relevant de la municipalité et constituée entre autres de représentants d’autres services administratifs, et que nul ne peut prétendre détenir ce droit ; or, le personnel du gouvernorat de Médenine, et à sa tête M.le gouverneur, ne semblent pas être de cet avis ; sinon comment expliquer qu’un ordre, on ne peut plus explicite, émanant de M. le gouverneur et adressé à l’attention du secrétaire général de la municipalité, pas au maire, soit donné pour délivrer à un citoyen un permis de bâtir, qui lui avait été auparavant refusé légalement et objectivement par la commission technique, parce qu’une partie de son projet se trouve dans une zone classée zone verte. Il se trouve que la personne à la faveur de laquelle tout le gouvernorat donne l’impression de se mobiliser est connue par ses relations privilégiées et très rapprochées avec la famille du président déchu ; si tel est le cas, c’est que l’on n’est pas encore au bout de ses peines puisque les vieux démons continuent à ronger les rouages de notre administration, et que ces vieux réflexes de favoritisme exaspérant , dignes d’une époque que nous voulons à jamais révolue, continuent à prévaloir au sein même de la plus haute instance représentative de l’Etat dans la région.
En somme, le peuple tunisien n’a fait sa glorieuse Révolution que pour en finir à jamais avec les pratiques basses et malsaines qui infectaient outrageusement notre administration, et pour ne plus permettre à ces mêmes responsables institutionnels de sévir à leur guise et à ces mêmes personnes qui ont imposé leur diktat durant vingt trois ans, bénéficiant de toutes les faveurs à cause de leurs relations compromettantes et douteuses avec les membres de la famille régnante, de nuire dans ce contexte de renouveau, de transparence et de souveraineté suprême de la loi.
Naceur BOUABID
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