Le sud-est du pays est directement touché par le conflit libyen. Depuis trois mois, le flux des personnes déplacées n'a pas cessé et le nombre des arrivants dépasse de loin les capacités d'accueil mises en place. Reportage du quotidien tunisien Le Temps.
Naceur Bouabid
Depuis le début des combats [le 17 février], les frontières sud du pays ont été prises d'assaut par des dizaines de milliers de travailleurs étrangers fuyant en masse la Libye ; le poste frontière de Ras Jdir fut le premier à accueillir les premières vagues de réfugiés hébergés dans des campements installés pour la circonstance, avant d'être acheminés vers l'aéroport international de Djerba-Zarzis pour être rapatriés. Jusqu'à ce jour, quelque 430 000 réfugiés, toutes nationalités confondues, ont transité par ce poste depuis les premiers jours du soulèvement populaire, dont presque 3 000 continuent à séjourner dans les camps de Choucha en raison de la rareté des vols de rapatriement.
Depuis que les combats se déroulent dans les régions montagneuses de l'ouest libyen au niveau de Jabal Nefoussa, le poste frontière de Déhiba, contrôlé tantôt par les milices loyalistes, tantôt par les insurgés, stratégique pour l'approvisionnement en denrées alimentaires, en médicaments et carburant, est le théâtre d'un interminable flux humain dont l'ampleur et la fréquence varient selon l'évolution des combats opposant les deux parties au conflit ; des familles libyennes de la région occidentale résidant à Nalout, à Yefren, à Kabaou, à Jadou, à Zenten, etc. fuient en masse leurs villes et villages, quittant en détresse leur terre sous la contrainte, craignant pour leur vie et celle de leurs enfants.
Jusqu'à ce jour, presque 45 mille personnes ont traversé ce point de passage pour être accueillies par les habitants de la région qui leur ont offert gîte et couvert, ou dans les trois camps de réfugiés mis en place à Déhiba par les Emirats Arabes Unis et géré par le Croissant-Rouge Tunisien (CRT), à Remada mis en place par le Haut Comité des Nations Unies pour les Réfugiés (l'UNHCR) ou à Tataouine mis en place récemment par le Qatar. La capacité d'accueil des trois camps réunis ne dépasse pas les trois mille cinq cents, c'est dire que la majorité écrasante des réfugiés séjourne en toute quiétude parmi leurs frères et sœurs dans la région, à Tataouine ville, à Ghoumrassen, à Maztouria, à Smar, à Remada, à Déhiba, etc..., ou même ailleurs dans d'autres villes du pays, à Médenine, à Zarzis, à Gabès, à Sfax, etc...dont les habitants n'ont pas hésité bénévolement à prêter main forte en proposant leurs services, de tous genres, à toutes les familles ayant manifesté leur désir de s'y rendre.
L'île de Djerba, à travers sa société civile et ses habitants, a ouvert ses portes et ses espaces privés et publics, depuis le début de la crise, pour accueillir, en attendant leur rapatriement, les premiers réfugiés égyptiens et autres. A l'heure actuelle, entre trois à quatre mille Libyens sont pris en charge, tant au niveau de l'hébergement, de l'approvisionnement en denrées alimentaires, qu'en assistance médicale. Des comités locaux, constitués pour la circonstance à travers tout le territoire de l'île, à Midoun, à Sédouikech, à Guellala, à Adjim, à Mellita, se déploient pour apporter tout le soutien nécessaire et toute l'assistance requise aux familles dont ils ont la charge, en coordination avec le comité central établi à Houmt-Souk.
Du côté des réfugiés libyens, un comité regroupant des militants ayant fui à temps leur pays, souvent en barque à partir de la ville de Zouara, et des jeunes gens désireux de se rendre utiles en ces moments exceptionnels, sont à pied d'œuvre pour coordonner avec le comité central local au niveau de la distribution et de l'acheminement de l'aide, pour encadrer les familles et faciliter leur intégration. Des cours sont organisés depuis le 30 mai au profit de 7O élèves inscrits, ayant déjà reçu des fournitures scolaires lors d'une cérémonie organisée le 25 mai dans les locaux de l'établissement privé mis à leur disposition par son propriétaire. De même, une association vient de voir le jour portant le nom de "Les Jeunes de la Révolution du 17 février de Zouara", et elle a déjà à son actif la publication du premier numéro d'un journal hebdomadaire Tagrawla (signifiant "La révolution" en amazigh) édité à Djerba, et dont la ligne éditoriale est adepte du discours patriotique prônant le principe unanimement partagé de l'indivisibilité de la Libye ayant pour capitale Tripoli, et au droit sacré et indiscutable à la différence.
Depuis que les combats se déroulent dans les régions montagneuses de l'ouest libyen au niveau de Jabal Nefoussa, le poste frontière de Déhiba, contrôlé tantôt par les milices loyalistes, tantôt par les insurgés, stratégique pour l'approvisionnement en denrées alimentaires, en médicaments et carburant, est le théâtre d'un interminable flux humain dont l'ampleur et la fréquence varient selon l'évolution des combats opposant les deux parties au conflit ; des familles libyennes de la région occidentale résidant à Nalout, à Yefren, à Kabaou, à Jadou, à Zenten, etc. fuient en masse leurs villes et villages, quittant en détresse leur terre sous la contrainte, craignant pour leur vie et celle de leurs enfants.
Jusqu'à ce jour, presque 45 mille personnes ont traversé ce point de passage pour être accueillies par les habitants de la région qui leur ont offert gîte et couvert, ou dans les trois camps de réfugiés mis en place à Déhiba par les Emirats Arabes Unis et géré par le Croissant-Rouge Tunisien (CRT), à Remada mis en place par le Haut Comité des Nations Unies pour les Réfugiés (l'UNHCR) ou à Tataouine mis en place récemment par le Qatar. La capacité d'accueil des trois camps réunis ne dépasse pas les trois mille cinq cents, c'est dire que la majorité écrasante des réfugiés séjourne en toute quiétude parmi leurs frères et sœurs dans la région, à Tataouine ville, à Ghoumrassen, à Maztouria, à Smar, à Remada, à Déhiba, etc..., ou même ailleurs dans d'autres villes du pays, à Médenine, à Zarzis, à Gabès, à Sfax, etc...dont les habitants n'ont pas hésité bénévolement à prêter main forte en proposant leurs services, de tous genres, à toutes les familles ayant manifesté leur désir de s'y rendre.
L'île de Djerba, à travers sa société civile et ses habitants, a ouvert ses portes et ses espaces privés et publics, depuis le début de la crise, pour accueillir, en attendant leur rapatriement, les premiers réfugiés égyptiens et autres. A l'heure actuelle, entre trois à quatre mille Libyens sont pris en charge, tant au niveau de l'hébergement, de l'approvisionnement en denrées alimentaires, qu'en assistance médicale. Des comités locaux, constitués pour la circonstance à travers tout le territoire de l'île, à Midoun, à Sédouikech, à Guellala, à Adjim, à Mellita, se déploient pour apporter tout le soutien nécessaire et toute l'assistance requise aux familles dont ils ont la charge, en coordination avec le comité central établi à Houmt-Souk.
Du côté des réfugiés libyens, un comité regroupant des militants ayant fui à temps leur pays, souvent en barque à partir de la ville de Zouara, et des jeunes gens désireux de se rendre utiles en ces moments exceptionnels, sont à pied d'œuvre pour coordonner avec le comité central local au niveau de la distribution et de l'acheminement de l'aide, pour encadrer les familles et faciliter leur intégration. Des cours sont organisés depuis le 30 mai au profit de 7O élèves inscrits, ayant déjà reçu des fournitures scolaires lors d'une cérémonie organisée le 25 mai dans les locaux de l'établissement privé mis à leur disposition par son propriétaire. De même, une association vient de voir le jour portant le nom de "Les Jeunes de la Révolution du 17 février de Zouara", et elle a déjà à son actif la publication du premier numéro d'un journal hebdomadaire Tagrawla (signifiant "La révolution" en amazigh) édité à Djerba, et dont la ligne éditoriale est adepte du discours patriotique prônant le principe unanimement partagé de l'indivisibilité de la Libye ayant pour capitale Tripoli, et au droit sacré et indiscutable à la différence.
Face à la recrudescence des frappes aériennes des forces de l'Otan sur la capitale, beaucoup de familles commencent à la fuir et leur apparition à Djerba se fait de plus en plus sentir. Des témoignages recueillis auprès de certains parmi eux font part de la paralysie de l'activité administrative en raison de la désertion obligée des fonctionnaires de leurs lieux de travail, étant dans l'incapacité de s'y rendre en raison de la pénurie du carburant. Certains ont dû s'approvisionner au marché noir en consentant de payer l'équivalent de cent dinars pour acheter un bidon de 20 litres suffisants pour rejoindre les frontières.
Cependant, force est de signaler qu'au moment où nous assistons à cet exode de familles contraintes au départ, arrivant le plus souvent démunies, terrorisées et traumatisées, quelques ressortissants Libyens viennent séjourner le temps d'un week-end, comme si de rien n'était, dans les hôtels les plus huppés de l'île, dépensant des fortunes chaque soir, n'hésitant pas, par-dessus le marché, à scander arrogance, en provocateurs, leur allégeance au colonel Kadhafi en perte de légitimité.
Cependant, force est de signaler qu'au moment où nous assistons à cet exode de familles contraintes au départ, arrivant le plus souvent démunies, terrorisées et traumatisées, quelques ressortissants Libyens viennent séjourner le temps d'un week-end, comme si de rien n'était, dans les hôtels les plus huppés de l'île, dépensant des fortunes chaque soir, n'hésitant pas, par-dessus le marché, à scander arrogance, en provocateurs, leur allégeance au colonel Kadhafi en perte de légitimité.
Naceur Bouabid
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