Cette semaine dans la presse en anglais, difficile de ne pas penser à la petitesse de la réaction de l’opulente Europe à l’arrivée de 20 000 migrants tunisiens sur son sol, lorsqu’on lit, dans le New York Times, qu’à Tataouine, au bout du monde, la fierté des Tunisiens qui accueillent les réfugiés libyens c’est leur générosité.
«L'EXPRESSION POPULAIRE «aller à Tataouine» ou «aller à Tataouine-les-Bains» signifie aller se perdre au bout du monde. Cette expression provient de la présence du bagne (construit par les militaires français, ndlr) et l'ajout du suffixe «les-Bains» est ironique au vu du caractère désertique du lieu», c’est ce que dit l’article (en français) que Wikipedia consacre à cette ville du sud de la Tunisie.
Se perdre au bout du monde, ce n’est pourtant pas du tout ce qu’éprouvent les plus de 30 000 réfugiés libyens qui ont fui leur pays en guerre pour trouver dans cette oasis tunisienne paix, gîte, confort et chaleur humaine. C’est ce que découvre, quelque peu abasourdi, l’envoyé spécial du New York Times, spécialiste des questions liées aux réfugiés. Dans un superbe reportage publié cette semaine, il raconte l’étonnement de tous face à «l’incroyable hospitalité»» que les Tunisiens de toute la région de Tataouine ont déployée depuis que les réfugiés libyens ont commencé à affluer début avril. L’étonnement des responsables de l’organisation mondiale des réfugiés – «c’est la première fois que je vois une réponse aussi impressionnante», dit le porte-parole du HCR au New York Times – mais aussi celui des réfugiés libyens eux-mêmes qui confient au reporter américain qu’ils sont confondus par la chaleur de l’accueil et qu’ils ne savent pas comment remercier leurs hôtes : «’Vous-même, donneriez-vous votre maison à un parfait inconnu, qui vient d’un autre pays ?’ interroge une jeune Libyenne qui a fui, au début du mois, la ville assiégée de Yafran. Elle parlait dans le spacieux salon de la maison qu’elle et dix autres membres de sa famille partagent avec une famille tunisienne. Le propriétaire s’est déplacé lui, sa femme et ses trois enfants vers le rez-de-chaussée encore en cours de construction, pour laisser à ses invités le premier étage, confortable et sentant bon». Ce propriétaire interviewé par le New York Times explique son geste comme une simple question «d’obligation et de fierté» : «Ce sont nos coutumes ici, s’il y a quelque chose à manger, nous le mangerons ensemble. S’il n’y a rien à manger, nous partagerons ce rien ensemble». La plupart des réfugiés qui ont traversé la frontière tunisienne, «n’avaient pas plus que leurs vêtements sur leurs dos et la peur au ventre pour leurs fils restés derrière se battre contre les milices de Kadhafi, ils ont été rapidement pris en charge par les habitants de la région dont la compassion et la bonne humeur ont suscité l’admiration des Libyens et des travailleurs humanitaires étrangers», écrit le journaliste du New York Times qui rappelle que la générosité est aussi celle du «gouvernement tunisien qui a gardé ses frontières ouvertes depuis que la guerre a éclaté».
ON APPREND EGALEMENT que des centres de coordination ont été rapidement ouverts dans la ville pour placer les familles libyennes chez des familles tunisiennes, distribuer de la nourriture, des couvertures et matelas, placer les enfants libyens dans les écoles locales, que des médecins et infirmiers ont ouvert une petite clinique pour y offrir des soins gratuits aux réfugiés. Le journaliste du New York Times ne manque pourtant pas d’apporter un petit bémol quant à l’avenir de cette hospitalité, soulignant un début d’inquiétude exprimé par certains Tunisiens sur les perspectives de vie commune à l’arrivée de l’été «où des milliers de jeunes Tunisiens émigrés en Europe reviendront bientôt pour la saison traditionnelle des mariages, pour le vote historique de juillet et pour le ramadan qui aura lieu en août cette année… la chaleur de l’été également peut faire monter les tensions». Sans parler de la nourriture qui peut devenir un problème : «les boulangeries ont commencé à fermer plus tôt parce qu’elles ne peuvent plus servir toute la demande». Quelques locaux n’aiment pas non plus que des Libyens aillent boire de l’alcool dans l’un des rares hôtels de la région. Mais en dépit de tous ces signes qui pourraient alimenter les pires cauchemars du maire de n’importe quelle autre ville au monde, celui de Tataouine éclate de rire lorsque le journaliste du NYT l’interroge sur ses craintes pour l’avenir. Aux questions pressantes du journaliste américain sur une complication possible des rapports entre Tunisiens et Libyens, le maire «admet que les Tunisiens ont souvent considéré les Libyens comme une nation d’indolents riches en pétrole, mais il a assuré qu’il continuera à héberger les réfugiés aussi longtemps que nécessaire. ‘Nous voulons montrer au monde que nous en sommes capables, que nous faisons un effort et que nous en sommes fiers’».
PRÉSENTATION LIVRE A JERBA
RispondiEliminaLes portes du Menzel
Auteur : Abdelmajid Bouslama
Éd. Cartaginoiseries-Abencerage.
Format : 15/21 - 344 p.
ISBN : 9978-9973-704-18-4 (décembre 2010)
Prix de vente : : 22 -
Né à Jerba en 1942, le docteur Abdelmajid Bouslama fait partie de la seconde promotion de la Faculté de Médecine de Tunis.Diplômé spécialiste de la Faculté de Médecine de Paris et ancien Professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Monastir, il est actuellement pneumologue consultant à Paris.
Continuellement traversé par un élan de sincérité, ce témoignage progresse en parallèle avec les périodes charnières de la Tunisie moderne, la dernière décennie du Protectorat pour son enfance, sa vie d’adolescent et d’étudiant dans les premières décennies de l’Indépendance. Une réussite sociale mouvementée contée avec brio.
- dimanche 15 mai 2011 : Dar Chérif - Sidi Jmour (16 h à 18 h)
- lundi 16 mai 2011 : Centre d'UTAIM d'El May (18 h à 20 h)
- mardi 17 mai 2011 : Espace Toumana - Midoun (18 h à 20 h)
- mercredi 18 mai 2011 : Espace décoration "Maria" - Houmt-souk (18 h à 20 h)
Bravo Tataouine! Bravo la Tunisie digne et Libre! Najet Tunisia
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