venerdì 20 maggio 2011

Tunisie - Au cœur de Dhehiba: «Si nous avions eu le pouvoir de Hiro Nakamura…»


  • Par Mehdi BEN SAÂD


  • Abdou, quatre ans, les pieds nus et le visage baignant dans le sourire. Un sourire qui enfouit une misère forcée. Il nous tend la main, il veut nous saluer pour nous ainsi dire: «soyez les bienvenus au camp des réfugiés libyens de Remada». Abdou, folâtre, part joindre ses nouveaux camarades de jeu, ils sont quatre cents enfants en tout dans ce camp. Fichtre révolution libyenne! Ce n’est guère la dauber, néanmoins au égard à ce paysage grisâtre, l’expression s’impose presque.

    Nous faisons un tour dans le camp de Remada. Un agent de l’armée tunisienne, de ceux qui veillent à la sécurité des lieux, nous sert de guide. Comparé au camp de Choucha à Ras Jédir, celui-ci est moins vaste, n’abritant que des réfugiés libyens -1.250 selon les dires d’un bénévole appartenant à l’équipe de l’UNCHR- essentiellement des familles. Et cela suffit, les portes du camp sont fermées pour l’heure; ce n’est pas uniquement par défaut de place mais les réfugiés ne fusent plus autant que les premiers jours.


    Et qu’en est-il au juste de la situation du camp de Remada?

    Le regard que nous portons sur la situation est qu’elle est saumâtre. Mais le fait est que tout est relatif. Lorsque nous marquons un arrêt à la première tente dans le camp, nous comprenons que, pour les réfugiés libyens, il s’agit réellement d’une repêche fort salutaire. Il est 16h, et au camp, il y a école. Un bénévole appartenant à l’organisation «Islamic Relief» donne un cours élémentaire, aujourd’hui c’est les maths.

    Cependant, les filles sont plus assidues à la classe que les garçons qui préfèrent batifoler dans les allées du camp. Après l’école, place à l’animation. Les enfants du camp sont livrés à diverses activités, surtout le dessin. Vous imaginez un brin, le sujet à l’ordre du jour: la révolution libyenne vue par les enfants. Les fresques sont on ne peut plus «colorées».



    Au fur et à mesure que nous avançons dans le camp, nous remarquons une organisation suffisamment rigoureuse: il y a une salle de télé pour les hommes, une autre pour les femmes, un bloc sanitaire, une mosquée, un coin où le thé bouillonne à longueur de journée, des espaces de jeux pour les enfants équipés d’une télé -et, s’il vous plait, écran plasma- des livres et des jouets.

    En revanche, et comme nous pouvions nous en douter, il existe des problèmes d’hygiène: les toilettes et les douches sont mal installées. Or, nous savons que ce genre d’ennui en cause d’autres davantage problématiques et contraignants: des maladies.

    A ce propos, nous nous rendons à la tente consacrée aux associations médicales qui dispensent les soins nécessaires. Un médecin libyen nous en parle: «les maladies les plus répandues dans le camp de Remada sont la conjonctivite par surcroît chez les enfants, la diarrhée, l’indigestion, la malnutrition, l’hypertension même pour les jeunes, et puis certains cas d’avortement». Afin de prodiguer l’ensemble des soins, quelques associations médicales sont présentes sur place. Il s’agit de «Libya medical Relief», le Croissant Rouge Tunisien et celui des Emirats arabes unis, le staff médical de l'armée tunisienne, ainsi que «Médecins Sans Frontières».

    Cocorico et total respect

    Toutefois, il y a besoin urgent d’un psychiatre, d’un nutritionniste et d’un médecin d’urgence. Des bénévoles, bien entendu.

    Ce qui est frappant dans le camp de Remada, c’est justement ces volontaires, en l’occurrence de la région, venus prêter une main secourable aux réfugiés libyens. Ils accordent de précieuses heures de leur temps à venir en aide de quelque manière que ce soit, et cela ne peut que témoigner de la générosité de nous autres Tunisiens. Cocorico et total respect!

    A l’entrée du camp, une immense tente, conçue spécialement, est réservée aux produits alimentaires de première nécessité. Un bénévole de l’UNCHR nous confie que tous les réfugiés ont droit à trois repas par jour et même à un service digne d’un trois étoiles: le petit-déjeuner, à titre d’exemple, est bien garni. Aussi, des citoyens ont-ils apporté des fournitures scolaires et autres matériels afin d’occuper et instruire à la fois les enfants du camp.

    D’ailleurs, nous ne nous sommes pas entrés les mains vides, nous avons apporté notre obole.

    Il est près de 18h, nous quittons le camp de Remada, tempête sous crâne, nous interrogeant sur le sort de toutes ses familles si la guerre civile en Libye continuerait à faire des siennes.

    En regagnant l’hôtel où nous logeons à Tataouine, nous faisons la connaissance de Mahmoud, un insurgé libyen venu se réfugier en Tunisie. Il est ingénieur, sa femme est institutrice, ils sont là depuis un mois et demi et est en interconnexion entre les Libyens en Tunisie et ceux restés, bloqués à leur grand malheur, en Libye. Il s’engage dans le combat à distance avec des moyens de fortune. Mahmoud nous confie: «je suis en Tunisie pour organiser du mieux que je peux la lutte contre les pro-Kadhafi et je franchis les frontières tuniso-libyennes avec seulement neuf dinars en poche». Misérable bourse, mais ce n’est pas le plus contraignant. Notre insurgé a dû passer une semaine dans sa voiture entre les villes de Yafren, Kalâa et Nalout à prêter main forte à une soixantaine de familles voulant fuir l’enfer de Kadhafi, et ce à travers les montagnes, cela fait 440 kilomètres.

    Hélas…

    Selon Mahmoud, les médias internationaux font faux bond de la scène du combat. En effet, nous ne nous sommes pas bousculés ni aux portes des frontières ni dans le camp. Par ailleurs, Mahmoud, qui est membre du comité de secours, participe à l’élaboration de programmes pour enfants: la scolarisation, et d’autres pour les femmes: la réintégration.

    Puis dans la matinée, nous rencontrons des familles libyennes dans l’hôtel «Mabrouk» loué spécialement pour elles. Il est si facile de lire une expression d’angoisse criant dans leurs regards. Car, si ces familles ont eu la chance de prendre la fuite de leur pays en guerre, certains des leurs et par surcroît leurs enfants acculés en Libye. Il y a les jeunes qui n’ont pas de passeport et qui ne peuvent donc pas franchir les frontières. Nous sommes assaillis par leur peine et leur peur, ayant côtoyé le danger de mort sur le sol libyen, nous avons un effluve de leur affliction.

    A contrario, ces familles nous expriment leur sentiment de sécurité depuis qu’ils ont atteint le sol tunisien. Cependant, cela leur interdit de mener une vie normale, car ils nous disent qu’ils seront à tout moment dans l’obligation de tout quitter dans l’urgence. Une femme libyenne nous confie que les femmes tunisiennes ont fait montre d’une grande générosité en leur offrant habits, nourriture et hospitalité. D’ailleurs, elles nous disent qu’elles ne manquent de rien. Cela peut-il, à quelque endroit, apaiser leur inquiétude quant aux membres de leurs familles surtout les vieux qui ont préféré mourir sur la terre de leurs ancêtres.

    Nous arrivons à termes de notre mission. Et nous pensions: nous aurions aimé avoir le pouvoir de Hiro Nakamura pour pouvoir stopper la guerre civile en Libye. Mais tout cela est impossible comme l’a dit Soprano.

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