giovedì 21 luglio 2011

Une nouvelle étape pour les révolutions tunisienne et égyptienne


Par Aabla Jounaïdi
Il y a six mois, deux peuples de la Méditerranée renversaient leurs dirigeants, considérés comme des dictateurs et déclenchaient une vague de contestation dans le monde arabe. Mais aujourd'hui, les manifestants ont repris possession de la place Tahrir au Caire et de la Casbah à Tunis. Les affrontements se multiplient de nouveau entre les forces de l'ordre et des manifestants et la police semble reprendre les vieilles méthodes de la répression des rassemblements. Aux yeux des contestataires, les choses ne vont pas assez vite.
Des élections dont les dates ne sont pas encore fixées, un remaniement ministériel sans cesse reporté : l'issue politique est toujours incertaine dans les deux premiers pays arabes à avoir renversé leurs dictateurs. La violence a repris ses droits dans les rues. Le 17 juillet, un jeune homme est mort après avoir reçu une balle perdue dans la ville symbole de Sidi Bouzid, d'où la révolution tunisienne est partie.
Au Caire, les manifestants ont de nouveau déployé leurs tentes sur la place Tahrir. Ils exigent rapidement les réformes politiques promises par le Conseil suprême des armées et des élections.
Deux jours auparavant, à Tunis, la police est allée jusqu'à donner l'assaut contre la mosquée de la Casbah où s'étaient réfugiés des manifestants. Six mois après la chute de l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, la capitale tunisienne est le théâtre de violences de petits groupes de casseurs dont nul ne sait s'ils sont des membres de l'ancien parti au pouvoir (le Rassemblement constitutionnel démocratique, dissous aujourd'hui) ou s'ils appartiennent à des mouvances islamistes extrémistes.
Punir tous les responsables de la répression
En Tunisie comme en Égypte, un des points de friction concerne l'impunité de certains membres de l'ancien régime.
Les manifestants de la place Tahrir au Caire dénoncent l'absence de poursuites à l'encontre des acteurs de la répression. Récemment, le ministre égyptien de l'Intérieur avait apporté du grain à moudre aux opposants en niant l'existence de snipers (tireurs embusqués) postés sur les toits lors de la révolte populaire. Ce qui a mis hors d'eux les manifestants.
Les propos du ministre égyptien de l'Intérieur ont choqué Héba, une jeune opposante indépendante, revenue camper sur la fameuse place Tahrir au Caire : « Il ment. Un des assassins, qui a tué presque 40 de nos martyrs à Alexandrie, a reçu une promotion. Où est la Révolution ? Nous voulons la justice. Lorsque nous sommes venus ici le 25 janvier. Nous avons dit "liberté", "dignité"et "justice". C'étaient ça nos slogans. »
Les islamistes toujours sujets de méfiance
La soif de justice exprimée par ces jeunes côtoie la soif de reconnaissance de certaines formations politiques.
En Égypte comme en Tunisie, les dates des élections ne cessent d'être repoussées, notamment parce que certaines formations politiques ne s'estiment pas prêtes face à des partis bien rodés comme la confrérie des Frères musulmans en Égypte. L'audience du parti islamiste d'Ennahda est d'ailleurs nettement inférieure en Tunisie à celle des Frères en Égypte.
Ennahda n'en finit pas de faire parler de lui, suscitant parfois l'inquiétude. Ce 18 juillet, lors de sa conférence de presse, presque tous les Tunisiens ont compris que le Premier ministre Béji Caïd Essebssi visait Ennahda lorsqu'il accusait « certains partis » d'entretenir les troubles pour retarder encore l'élection de l'assemblée constituante en octobre. Le parti présidé par Rached Ghanouchi a vivement nié cette accusation.
Interdite 20 ans durant, la formation islamiste tunisienne ne présume d'ailleurs pas de son poids politique au pays du jasmin. À en croire ses membres, Ennahda adhère parfaitement au modèle démocratique pluraliste et demande à être jugé sur ses actes et son programme politique. « Ce qui nous préoccupe le plus, c'est de peser par la qualité de nos propositions et non par le nombre, explique Nourredine Bhiri, membre du bureau politique du parti. Dans cette étape cruciale qu'est la transition démocratique, le pays n'a pas besoin de parti fort, dominant. Il a besoin de formations avec des propositions fortes pour régler les problèmes sociaux. Les Tunisiens souffrent de la situation sécuritaire, de la situation politique, de la situation économique, de la situation sociale; et notre force, comme celle de tout autre parti, viendra des propositions faites pour régler ces problèmes. »
Sur la place Tahrir au Caire où les contestataires ont repris quartier, les voix sont chaque jour plus déterminées, dénonçant le dialogue de sourds qui s'est institué avec le gouvernement de transition. Ce gouvernement ne les convainc pas malgré son remaniement maintes fois annoncé. Tous attendent impatiemment que le Conseil suprême des armées céde sa place aux civils.
« Le gouvernement militaire ne nous dit rien, s'indigne Héba, la jeune militante indépendante,Quand les élections auront-elles lieu ? On n'en sait rien. Et quand on dit que quelque chose ne va pas, on ne nous entend pas ! C'est exactement comme avant, pendant la période de Moubarak. Les Egyptiens ne sont pas contents de l'attitude du Conseil militaire, même s'ils ne viennent pas tous manifester sur la place. On veut que cette période de gouvernement militaire se termine ! »
La période transitoire semble interminable aux manifestants qui ont précipité la chute de leur dictature. Et cela, comme tout pays traversant une phase insurrectionnelle. Les jeunes de Tunisie et d'Égypte apprennent chaque jour un peu plus combien est long le chemin vers l'instauration d'une démocratie. Leur retour sur les lieux qui ont vu le déclenchement de la révolte témoigne que leur persévérance et leur vigilance aussi est sans limite.

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