On a voulu faire croire à l’opinion publique internationale que les événements qui frappent tragiquement mon pays opposent de bons démocrates au régime qui est en place depuis la révolution de septembre 1969. C’est à partir de cette fausse prémisse qu’on est arrivé aux fausses conclusions et aux mensonges les plus éhontés.
Ce qui se passe dans mon pays depuis février dernier n’est en rien comparable à ce qui s’est passé en Tunisie, en Égypte, et maintenant au Bahreïn. Dans ces pays, des jeunes qui aspirent à la liberté sont descendu dans la rue pour manifester de façon pacifique leur attachement légitime à la démocratie.
En Libye, dès le départ, dans les villes de l’Est, il s’agit d’un soulèvement armé, provoqué par des mercenaires qui ont établi une alliance tactique et stratégique avec les forces du Mal et de l’obscurantisme : les terroristes d’Al-Qaida, qui sillonnent le désert et une bonne partie de l’Afrique depuis déjà quelques années.
C’est l’alliance entre les nostalgiques de la monarchie et les activistes de l’islamisme international, qui sont et qui font tout le contraire de ce que l’Islam recommande. Moustapha Abdeljalil, qui vient de s’adresser à l’opinion française, parle du combat héroïque des résistants contre des « mercenaires et prétoriens » à la solde du colonel Kadhafi. Cet ancien ministre de la Justice, qui avait fait du zèle dans le procès des infirmières bulgares et qui avait même signé leur condamnation à mort avant que mon père les libère à la demande du président Sarkozy et de son épouse, sait pertinemment de quel côté est la résistance et de quel côté sont les mercenaires qui ont mis à feu et à sang mon pays.
Il sait très bien que la guerre qui ravage bien malheureusement la Libye est entre une armée nationale et loyale et une bande de mercenaires à la solde de Bin-Lāden, agent de communication et de propagande : l’Etat-télévision du Qatar. Qui est mercenaire, celui qui défend l’intégrité territoriale de son pays ou celui qui appelle des Etats étrangers à intervenir pour l’installer au pouvoir au prix du déshonneur national et des centaines de vies libyennes sacrifiées ?
La question que se pose le peuple libyen, et que doit se pose le bon peuple de France est la suivante : que s’est-il passé entre mon pays et la France pour que les dirigeants de celle-ci décident d’attaquer la Libye, d’y tuer des militaires et «collatéralement » des civils, d’en détruire les infrastructures ainsi que les armements que nous lui avons récemment acheté et d’offrir une couverture aérienne pour les rebelles armés et Al-Qaida ?
Pourquoi la France s’est-elle précipitée dans ce qui va être pour elle un bourbier, comme l’Afghanistan pour les Etats-Unis, alors qu’elle avait avec la Libye les meilleurs rapports, des intérêts économiques et stratégiques incontestables, y compris le programme du nucléaire civil ?
Est-ce tout simplement parce que l’Etat-télévision du Qatar s’est engagé à payer la facture de la prochaine campagne présidentielle de Monsieur Sarkozy ? Est-ce dans l’intérêt de la France et même de celui qui veut en rester le président, que de lier son avenir et son honneur à un une oligarchie pétrolière qui cherche depuis des années à semer la discorde dans le monde arabe et à entretenir le choc des civilisations entre l’Orient et l’Occident ?
Si l’oligarchie du Qatar est tellement attachée à la liberté des peuples et à la démocratie, pourquoi n’affranchit-elle pas de l’esclavage moderne ses milliers d’ouvriers étrangers et pourquoi elle ne se transforme pas en monarchie constitutionnelle ? L’opinion publique française sait ou ne sait pas que dans toutes les crises qui ont fait la une des journaux ces dernières années, Al-Jazeera a joué un rôle abject. Le port du voile en France, la révolte des banlieues françaises, le discours du Pape à Ratisbonne, la déchirure ente l’OLP et le Hamas, l’attaque d’Israël contre Gaza.
A chaque crise, le Qatar, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, Al-Jazeera, n’a pas joué l’apaisement mais a soufflé sur les braises. Tôt ou tard, les Français s’apercevront que les 6 millions de musulmans qui vivent en France sont complètement drogués par le discours intégriste de cette chaine financé par l’oligarque du Qatar et alimentée par l’idéologie des Frères musulmans. Plutôt tôt que tard, la France se rendra compte que le sinistre Qardaoui, qui a émis une fatwa pour tuer mon père, est son pire ennemi.
Tout le monde sait aujourd’hui que toutes les résolutions du Conseil de sécurité sur la crise en Libye sont moralement illégitimes et juridiquement illégales, non seulement en raison de leur incompatibilité avec la Charte des Nations-unies, mais aussi parce que le rôle du Conseil de sécurité est de traiter les conflits qui surgissent entre les États et non pas l’ingérence dans les affaires intérieures des pays.
D’autre part, pourquoi le Conseil de sécurité n’intervient-il pas maintenant pour arrêter les opérations de l’Otan en Libye et proposer une sortie de crise politique et pacifique qui épargnerait bien de vies humaines ? A ce jour, aucun observateur n’a fourni de preuves confirmant le bombardement par l’aviation libyenne des quartiers civils, tels que Fachloum Souk el Jouma et Tajoura à Tripoli, comme le ressasse la propagande de l’Etat-télévision qatarie, relayé par certaines agences de presse arabes et internationales.
A Benghazi, les mercenaires à la solde des terroristes et de Moustapha Abdeljalil ont libéré les prisonniers de la prison Alkouaifya, les ont armées pour qu’ils harcèlent les forces de l’ordre et terrorisent les citoyens. Si mon propos est fallacieux, pourquoi empêche-t- on certaines instances internationales d’enquêter sur ce qui se passe en Libye ? Mon pays a en effet demandé à la Ligue arabe, à l’Organisation des Nations Unies et à des organisations internationales et régionales d’envoyer des commissions d’enquête pour connaître la réalité sur le terrain.
Pourquoi ces demandes sont-elles restées lettres mortes ? Plus grave encore, pourquoi a-t-on exercé de fortes pressions sur le Comité suprême pour la Vérité en Libye, qui a été formé par l’Union africaine, pour retarder sa visite d’observation et d’enquête en Libye ? Qui a peur de la vérité sur les atrocités commises contre le peuple libyen ? Les mercenaires et leurs protecteurs occidentaux ou l’armée nationale libyenne ? Les jeunes libyens aspirent eux aussi à la liberté, le peuple libyen désire ardemment la démocratie, mais pas au prix de l’abandon de leur souveraineté sur leur pays, encore moins sur leur renonciation à leurs richesses pétrolières.
Le destin de la Libye ne sera jamais celui de l’Irak et le néocolonialisme ne reviendra pas au pays d’Omar El-Mokhtar et de Kadhafi. Ce n’est pas la fille du colonel qui le dit, mais une jeune mère prête à se battre, comme tous les Libyens, pour l’intégrité territoriale d’une Libye souveraine, libre et démocratique.
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