martedì 21 giugno 2011

Les avoirs de Ben Ali en Suisse ne seront pas restitués à la Tunisie



Les raisons pour lesquelles les banques suisses refuseront de restituer aux Tunisien les avoirs et biens détournés par l’ex-clan au pouvoir. Par Ali Ben Mabrouk



Ce n’est pas dans les habitudes des banques suisses de restituer aux ayant-droits les fortes sommes d’argent déposées dans leurs coffres par de sinistres individus qui ont abusé de leur position de leader politique pour détourner des fonds appartenant aux peuples qu’ils gouvernent. Et pour cause, c’est le secret bancaire qui leur donne toutes les raisons pour ne pas céder aux doléances des victimes de la corruption et de la malveillance.
Sami Remadi a fondé l’Association tunisienne pour la transparence financière (Attf) pour pouvoir activer le processus de récupération des sommes spoliées en Tunisie et déposées dans différentes banques de la planète. Un projet certes noble mais difficile à réaliser car les banques suisses n’observent pas le problème du même angle.
M. Remadi a cru bon d’inviter Jean Ziegler pour nous éclairer sur les moyens à déployer pour récupérer toutes ces sommes englouties dans les banques suisses. Economiste suisse et vice-président du conseil consultatif des droits de l’homme des Nations unies, M. Ziegler, en bon orateur et conférencier chevronné, a su annoncer la mauvaise nouvelle dans la bonne humeur: il est difficile sinon impossible aux banques suisses d’accéder aux requêtes des Tunisiens.



Un paradis fiscal
En termes de transactions, ces sommes déposées dans les banques suisses sont des opérations légales. Dans ce paradis fiscal, on ne cherche pas à comprendre d’où proviennent les énormes sommes d’argent, ce qui compte c’est le bénéfice qui peut être engendré des dépôts. Le secret bancaire permet à ces établissements de s’abstenir de procéder aux opérations de routine qui doivent être effectuées. Certaines banques suisses autorisent aussi le compte courant anonyme où le client n’est pas tenu de décliner son identité. Il recevra deux codes à apprendre par cœur, le premier sert pour les opérations de dépôt et le second peut être utilisé lors des transferts et le retrait en liquide. A la disparition subite du client, les sommes déposées reviennent la plupart du temps à la banque. Les frais de gestion de ces comptes anonymes sont le plus souvent très élevés, c’est la rançon que doivent payer les usurpateurs pour rester dans l’anonymat total. Ces agios constituent la principale source de revenu de ces banques, ce qui explique que la Suisse est classée parmi les trois nations les plus riches.


Manifestation devant l'ambassade suisse à Tunis, le 23 mars

C’est pour cette raison que les banquiers suisses n’ont aucun intérêt à vérifier l’origine de l’argent déposé. C’est une opération délicate qui risque de leur couter leur poste. Tous les chefs d’établissement sont appelés à accroitre leurs chiffres d’affaires dans l’année fiscale, sinon ils savent ce qui les attend s’ils laissent échapper un important dépôt. Une entreprise financière est toujours estimée par le nombre croissant de ses employés. Dès que le chiffre d’affaire stagne c’est la restructuration de l’entreprise qui est envisagée et qui amène en général des suppressions d’emplois. En Suisse les premiers visés par ce nettoyage sont les dirigeants qui touchent des salaires exorbitants.
On comprend aisément qu’en matière d’argent, les sentiments n’ont aucune considération chez ces banquiers suisses. Il est vrai que le gouvernement a demandé aux différentes institutions financières de geler les biens de l’ex-président de la Tunisie et de ses acolytes et ce depuis le 19 janvier 2011.
C’est une aubaine pour les banques suisses qui vont disposer de ces fonds en toute tranquillité en attendant que les autorités tunisiennes puissent apporter la preuve que les fonds déposés dans leurs caisses ont bien été usurpés. Qu’ils étaient destinés au développement de la Tunisie et que des esprits malveillants les aient détournés pour leurs comptes personnels n’a aucune importance à leurs yeux.
Une contrainte que les membres du gouvernement actuel de la Tunisie ne sont pas en mesure de satisfaire car il leur manque plusieurs éléments pour apporter la preuve de ces détournements comme les dates des transferts, les montants exacts des dépôts et la nature des devises. Des détails que seuls les dépositaires détiennent et qu’ils ne sont pas prêts à divulguer sauf s’ils veulent se racheter de leurs méfaits.

Une «réputation» à sauvegarder
Les banquiers suisses ont toujours appliqué ce système dissuasif qui leur permet de garder l’argent. On se rappelle tous de l’attitude des banques suisses envers les ressortissants juifs qui ont péri incinérés dans les camps de concentration allemands. Nombreux parmi les déportés avaient souscrit des comptes en Suisse. A la fin de la guerre, leurs héritiers avaient voulu récupérer leurs héritages, la réponse des banquiers suisses étaient claires et simples: il fallait leur fournir l’acte de décès légal qui prouve leur disparition. Les Allemands responsables de ce génocide n’avaient nul intérêt à produire ce document qui prouve leur incrimination dans des crimes contre l’humanité.
Les Suisses disent qu’ils ont une réputation à sauvegarder : celle de banquiers sûrs. Ils ne peuvent pas déroger à cette règle qui leur apporte tous les jours des centaines de millions de dollars. Ils ne veulent pas créer des antécédents défavorables s’ils cèdent aux requêtes des Tunisiens. Leurs clients potentiels, surtout les émirs, princes et rois, déchus ou sur le point de l’être, ne leurs pardonneraient jamais cette légèreté et se verraient changer de cap vers d’autres paradis fiscaux où ils placeront leur argent en toute tranquillité.

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