Si les rebelles libyens n'ont pas mis la main sur le Guide, ils ont découvert dans sa résidence une voiture révolutionnaire.
C'est une étrange découverte qu'ont faite les rebelles libyens en pénétrant dans le palais de Muammar Kadhafi. Si, à leur grand dam, ils n'ont pas réussi à mettre la main sur le Guide , ils ont en tout cas retrouvé sa voiture. Mais on est loin de sa Jeep crème ¼ qui lui a permis de prendre le pouvoir il y a 42 ans, encore plus de la Lamborghini que son fils Hannibal avait conduite à contre-sens sur les Champs-Élysées. Non, il s'agit d'une minuscule Fiat 500, a révélé, jeudi, le quotidien italien Corriere della Sera.
Malgré ses allures de poids plume, il a tout de même fallu pas moins de deux soldats pour la tirer hors des interminables tunnels souterrains que compte le bunker présidentiel. Cette belle italienne ne figure pas sur le catalogue de la marque de Turin ; elle est en réalité l'oeuvre du carrossier transalpin Castagna. Baptisé Capri, ce modèle unique dérivé de la Fiat 500 cabriolet ne possède aucune porte. Mais toutes les options sont au rendez-vous. Les plus classiques - bois et cuir à volonté, jantes alliage de 17 pouces - comme les plus farfelues - un intérieur couleur crème avec des finitions vertes, une capote couleur sable, une carrosserie vert et or.
Une voiture électrique
Tout a commencé en juin 2009 lorsque le carrossier reçoit la mystérieuse commande, sans aucun commentaire, mais avec des garanties et une seule exigence : que le véhicule soit prêt pour septembre. Un détail met cependant la puce à l'oreille de Gioacchino Acampora, architecte et propriétaire de Castagna. L'ordre de commande est accompagné du livre vert de Muammar Kadhafi. Le doute se transforme en certitude quand arrivent les dernières spécifications du client. Sur le flanc gauche du véhicule doit apparaître l'image rétroéclairée du lion du désert, emblème du colonel. Sur sa droite doit être apposé le symbole de la nation libyenne.
Mais le plus étonnant reste le nez de la voiture. En lieu et place de la marque Fiat sera placé un logo inédit décrivant la silhouette noire de l'Afrique, avec en vert la Libye, entourée des trois livres du Guide. Un homme qui veut être en phase avec son époque. Fini les bolides supersoniques, telle la "Roquette" que le colonel avait personnellement dessinée pour ses 40 ans. Non, la petite Italienne possède un moteur électrique de 34 kW construit à Gênes. Le chauffage avant et arrière, peu utile à Tripoli, est remplacé par des packs de piles au lithium. Le réservoir de carburant laisse sa place à une pompe géante de climatisation.
200 000 euros
Mais il ne s'agit pas non plus de faire de la figuration. Surpassant les marques européennes, le véhicule atteint une vitesse de pointe de 160 km/h et possède une autonomie de 260 kilomètres, pour un temps de chargement n'excédant pas les dix minutes. Cette prouesse a été rendue possible par la livraison de deux charges centrales géantes importées de Suède. Comble du raffinement cher au Guide, rien n'indique que la Capri est électrique, puisque c'est sous le nez que se cache la prise de recharge.
Seule ombre au tableau, le transport de la voiture et de ses lourdes charges. C'est finalement en avion via la France que la Fiat 500 révolutionnaire arrivera à Tripoli. Le prix d'une telle voiture, environ 200 000 euros, recharges comprises. Le mystérieux client paiera sans mot dire. La firme italienne se permettra simplement de lui demander en récompense une photo du colonel au volant de Capri. Elle ne recevra rien. Mais de sources sûres, le travail aurait été très apprécié. Deux ans plus tard, en apprenant la chute du tyran, Gioacchino Acampora a pour la première fois osé contacter les autorités libyennes au sujet du véhicule. D'après lui, il serait "juste" de les informer de la manière de le faire fonctionner.
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