Au-delà des sentiments en rapport avec la crise en Libye, les temps sont, aujourd’hui, aux attentes et à l’expectative, avec la réussite de l’insurrection contre le régime de Kadhafi. Les Tunisiens espèrent une bouffée d’oxygène après six mois de crise, ajoutée à la leur.
Les développements de la situation libyenne ont eu, en effet, des impacts directs en Tunisie depuis le 17 février, date du lancement de la rébellion contre le régime de Kadhafi, avec les flux d’émigrés rapatriés, et jusqu’aujourd’hui, avec les manifestations de joie sur les grandes artères de Tunis, de Sousse ou de Sfax, à l’annonce de l’entrée des rebelles à Tripoli.
S’il va sans dire que, tout au long de ces six mois, la Tunisie et les Tunisiens ont vu de toutes les couleurs, à commencer par le déferlement de centaines de milliers de réfugiés sur nos frontières, en passant par les ponts aériens pour les rapatrier chez eux, pour finir par une assistance quasi-totale de la population de l’ouest de la Libye. Le pays étant paralysé et coupé de l’extérieur. La Tunisie espère voir un retour d’ascenseur dans les plus brefs délais avec des Tunisiens allant travailler en Libye et des entreprises tunisiennes arracher des marchés pour donner un coup de pouce à l’emploi et à l’économie.
La situation libyenne nous a certes montré un élan solidaire extraordinaire des Tunisiens avec leurs frères libyens, et avec les autres populations émigrées ayant fui la Libye. Lequel élan a mérité les considérations et le respect du monde entier. Ce respect est d’autant plus valorisé que la Tunisie était, elle aussi, instable et vivait une situation révolutionnaire. Mais ces ‘héros’ tunisiens espèrent voir aujourd’hui le bout du tunnel, avec la réussite de l’insurrection libyenne à
On sait que les exportations tunisiennes vers la Libye s’élevaient à près d’un milliard de dollars annuellement et que 1.200 entreprises tunisiennes exportent sur la Libye, la plupart opérant dans le secteur de l’artisanat. Une quarantaine d’entreprises tunisiennes opérant dans l’agroalimentaire, travaux publics et de bâtiments se sont carrément implantées sur le sol libyen au vu des multiples projets lancés dans ce pays au cours de ces dernières années.
Par ailleurs, la Tunisie a perdu durant la crise son principal pourvoyeur en produits pétrochimiques et autres matières premières. En 2010, le volume des importations de Libye s’est élevé à 406 MDT, constituées essentiellement des produits pétroliers. Sans oublier le fait que la Tunisie reçoit chaque année près de 1,5 million de touristes libyens qui s’y rendent soit pour des activités touristiques classiques ou dans le cadre du tourisme médical.
Le volume des échanges commerciaux, entre les deux pays, s’est élevé, en 2009, à plus de deux milliards de dinars, soit presque 1% de taux de croissance. Les principaux produits échangés sont des produits agroalimentaires (lait et dérivés, concentré de tomate, bière sans alcool…), chimiques (engrais, acide phosphorique…), mécaniques et électriques, matériaux de construction (ciments et dérivés…).
Pour 2010, les exportations tunisiennes vers la Libye ont atteint 930,1 millions de dinars, durant les 11 premiers mois. Les importations tunisiennes à partir de la Libye, portant particulièrement du pétrole, se sont élevées, au cours de la même période, à 401,8 millions de dinars.
Par ailleurs, la Libye est le 4ème investisseur parmi les pays arabes en Tunisie, avec quelque 39 entreprises libyennes implantées en Tunisie. Sur ce total, 31 exercent dans le secteur industriel, 5 dans le tourisme et trois dans le domaine des services. L’ensemble de ces entreprises emploient 3.060 personnes.
Les Tunisiens disposent aussi de 28 projets d’investissement en Libye pour une valeur globale de 176 millions de dollars, notamment dans les secteurs de l’industrie et des services. Les investissements tunisiens en Libye dépassent les 2 milliards de dinars.
C’est, donc, toute cette dynamique qui a été ébranlée et que tout le monde souhaite revoir renaître de ses cendres, sur la base de cette solidarité entre les deux peuples qui s’est cristallisée pendant la crise. Aujourd’hui, il y a certes plus de 300.000 Libyens installés en Tunisie et il y a des Libyens dans les cliniques et les établissements hospitaliers. Mais, les rouages des échanges ne tournent pas avec la même dynamique. Nul ne peut ignorer le facteur sociopolitique des changements à intervenir chez notre voisin.
Seule la stabilité peut garantir le retour de cette dynamique entre les deux peuples frères. La Tunisie nouvelle a besoin d’une Libye nouvelle pour édifier un modèle qui sied aux aspirations des deux peuples. Que la chute de Kadhafi soit le déclencheur pour la relance économique en Tunisie.
Mounir Ben Mahmoud
Nessun commento:
Posta un commento