martedì 30 agosto 2011

Libye : une entreprise française participait à la répression



Le groupe informatique français Bull et sa filiale Amesys auraient activement contribué à l'espionnage de l'opposition libyenne par Mouammar Kadhafi. Un reportage du Wall Street Journal dans un ancien QG des services de sécurité et des images tournées par la BBC viennent de le confirmer.
Ce mardi, deux reporters du Wall Street Journal racontent leur visite dans le bâtimentd'où le régime libyen surveillait les communications. Ils y ont notamment retrouvé des manuels rédigés en anglais, mais portant le logo d'une entreprise française, Amesys, filiale du groupe Bull.
Un reportage de la BBC confirme, en images, le rôle de la société française. Des documents retrouvés dans le bâtiment abandonné sont bien signés d'Amesys.(Cliquer sur l'image pour accéder au reportage)
Un des documents retrouvés par la BBC à Tripoli.
Le colonel Kadhafi se méfiait d'Internet, même si, comme le souligne le Wall Street Journal, la Libye ne comptait que 100 000 abonnements, pour 6,6 millions d'habitants. Selon le quotidien américain, il aurait fait appel à Amesys en 2009.
Les Français lui auraient fourni un système d'interception des communications baptisé Eagle, auquel le site Reflets.info s'était intéressé en mai dernier. Il permet de surveiller les communications par e-mail, par téléphonie en ligne (par exemple, Skype) ou par chat (par exemple, sur MSN).
« Ce système stratégique est conçu pour répondre aux besoins d'interception et de surveillance à l'échelle d'une nation », se félicite d'ailleurs Amesys sur son site.
PanneauBBCLa filiale de Bull n'était pas la seule à lorgner sur le marché libyen : des entreprises chinoise et sud-africaine ont aussi apporté leur assistance technique à la dictature. En toute discrétion.
Dans une des pièces, un panneau avertit d'ailleurs en anglais :
« Aidez-nous à garder nos activités classées “secret défense” secrètes. Ne discutez pas d'informations “secret défense” en dehors du QG. »
Le groupe Bull n'a pas souhaité s'expliquer. Les preuves dénichées dans ce bâtiment ne sont pourtant qu'une demi-surprise. La semaine dernière, un document publié par Mediapart révélait qu'en 2007, le sulfureux Ziad Takieddine avait servi d'intermédiaire entre le régime libyen et I2e, une entreprise appartenant alors au même groupe qu'Amesys. Les deux sociétés ont été absorbées par Bull en 2009. L'ancien patron d'Amesys, Philippe Vannier, est depuis devenu PDG de Bull.
Sur son site, Amesys reste discret sur ses systèmes d'interception des données. Parmi les clients cités en références, on retrouve les ministères français de la Défense et de l'Intérieur, l'armée américaine, de grandes entreprises, mais évidemment aucun régime dictatorial. Les pubs de l'entreprise n'évoquent évidemment pas, elles non plus, ces débouchés peu recommandables. (Voir la vidéo)

► Mis à jour le 30/08/2011 à 16h30 : l'article a été complété avec des détails sur les capacités du système Eagle et une citation du site de la société Amesys.
Illustrations : captures d'écran du reportage de la BBC à Tripoli.

Fonte: Rue89

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