lunedì 19 settembre 2011

Kadhafi avait-il des armes de destruction massive?


La larme à l'œil sur le rétroviseur, l'Amérique commémore le 11 Septembre. Un drame dont la première conséquence fut l'invasion de l'Irak sous prétexte de terrorisme, d'armes de destruction massives et de menace planétaire sur le monde libre. Le monde arabe ne s'associe que vaguement au souvenir de ces attentats. Mais de l'autre côté de l'Atlantique, plus proche de l'Orient, le candidat à la présidence française Dominique de Villepin, conclut le même jour: «Le printemps arabe ferme la décennie commencée le 11 septembre 2001», associant les deux évènements dans une lecture historique.
Il ne croit pas si bien dire. Dix ans après le 11 Septembre, ce ne sont plus les Etats-Unis, mais les autocraties et dictatures arabes qui invoquent la sécurité, la présence du terrorisme et les armes de destruction massive (ADM) pour justifier leur pratiques et leur maintien en place. Des ADM qui rappellent celles d'Irak, prétexte ayant servi à une invasion mais qui n'ont jamais été trouvées. Où sont ces armes libyennes? Dans la foulée de la Conférence internationale sur le terrorisme, tenue à Alger les 7 et 8 septembre 2011, les craintes exprimées ont pour l'instant surtout permis aux régimes arabes encore en place de reculer l'échéance de leur chute. Xavier Driencourt, l'ambassadeur français à Alger, participant à cette conférence explique:
«Il existe une crainte, mais peu d'informations très fiables, sur ce sujet. N'oublions pas que beaucoup d'armes ont été utilisées, beaucoup ont été détruites.»
 Ce qui n'est pas l'avis des Américains et de l'Africom, Commandement militaire pour l'Afrique, qui par la voix de son chef, le général Carter Ham, se dit «préoccupé du fait de la prolifération d'armes en provenance de la Libye». Il a affirmé à partir d'Alger que «différentes armes allant de simples fusils jusqu'à des missiles, sont disséminées, mais à travers le territoire libyen.» Vont-elles entrer dans le Sahel, y sont-elles déjà ou n'y mettront-elles jamais les pieds?

Les missiles de la démocratie

Le chaos supposé en Libye bloque la contagion démocratique aux autres pays. L'Algérie, en première ligne et qui ne cesse d'avertir la planète du danger de ces ADM en libre circulation, aura au moins gagné un peu de répit. Même si ces armes existent, comme en témoignent quelques saisies d'armes de provenance inconnue au Niger et au Mali, et des contrebandiers qui affirment avoir fait entrer des armes libyennes en Algérie, la question est de savoir si cela pèserait vraiment sur la lutte antiterroriste, sachant que les groupes d'al-Qaida au Sahel sont déjà surarmés, achetant régulièrement des armes grâce aux millions d'euros récupérés par la vente d'otages européens.
Dernier en date, le président mauritanien, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, dont le régime est issu d'un coup d'Etat contre le président élu Abdellahi, a été plus catégorique que tout le monde:
«al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a récupéré un flux massif d'armements provenant de Libye, a-t-il affirmé le 14 septembre. La Libye était un pays super-équipé et super-armé et tout l'arsenal [que possédait le régime] ou une grande partie, s'est volatilisé et s'est retrouvé sur les axes du Sahel.»
Malgré sa qualité d'officier putschiste, il est soutenu par l'Europe et les Etats-Unis pour son rôle supposé dans la lutte contre l'islamisme et le terrorisme au Sahel, et s'il a remis une couche, c'est qu'il ne voulait être mis à l'écart de la grande menace qui assurerait son maintien au pouvoir. Les ADM libyennes existent-elles? Oui, peut-être, mais surtout dans la tête de ceux qui profitent de leur utilisation politique.

Arab Patriot Act

D'une manière générale, on remarquera que ce sont les pays le plus en difficulté politique qui parlent des ADM libyennes. Acrobatie à deux mouvements, ils appellent l'opinion internationale à la vigilance, tout en servant un discours interne basé sur un complot étranger, confinant cette gymnastique au paradoxe, avertissant les puissances étrangères d'ADM en circulation d'un côté, tout en expliquant à leurs concitoyens que ce sont les puissances étrangères qui veulent les déstabiliser de l'autre. Malgré l'incohérence du discours, tout tient, pour l'instant, dans un fragile équilibre de stratégies, où les ADM libyennes tiennent un grand rôle, en attendant qu'elles soient ou ne soient pas trouvées.
L'Algérie ou la Syrie, le Yémen, la Mauritanie ou le Maroc ont tous fait appel à une main étrangère et un terrorisme transnational, et pour un certain nombre d'entre eux, appelé à un patriotisme de masse qui doit sévir contre ces révolutionnaires à la solde de l'étranger. Comme un Patriot Act américain qui a surtout servi à espionner les citoyens, réduire les libertés et le recours à la justice. Dans la foulée de cette menace sur le monde «libre» et du façonnage des opinions internes, le ministre de l'intérieur algérien, a accusé le 16 septembre des parties étrangères d'être derrière les appels à l'insurrection en Algérie, visant particulièrement Israël.
L'irresponsabilité de cet officiel, qui par ailleurs collabore étroitement avec l'Occident, donne la mesure de ce jeu avec le feu, traçant les lignes d'un complot où Israël, le philosophe françaisBernard-Henri Lévy, Al Jazeera, Facebook et l'opposition algérienne sont dans le même bateau, qui vise à bombarder l'Algérie de l'intérieur et de l'extérieur.
Fait d'un groupe anonyme, la tentative d'incendie volontaire de l'imprimerie privée qui tire les principaux journaux d'opposition en Algérie, le 14 septembre, est peut-être le premier signe d'une extension du domaine de la lutte. Propagande et désinformation sont aussi des ADM.
Chawki Amari
http://www.slateafrique.com/42069/la-libye-de-kadhafi-avait-elle-des-armes-de-destruction-massive

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